Hybride et électrique, Nouvelles
Pourquoi cet expert freine l’engouement pour les VE ?
Alors que les véhicules électriques font l’objet d’une grande fanfare, un expert du secteur tempère l’impact de la nouvelle technologie automobile sur le marché secondaire.
Lors de la Mobility Innovation Conference, organisée par l’Automotive Aftermarket Suppliers Association (AASA) à la fin du mois d’août, Brian Daugherty, directeur de la technologie à la Motor & Equipment Manufacturers Association, le groupe mère de l’AASA, a fait remarquer qu’il faudra un certain temps avant que le marché secondaire n’ait besoin d’un trop grand nombre de pièces pour véhicules électriques.
En effet, non seulement il faudra beaucoup de temps pour que les véhicules électriques détrônent les moteurs à combustion interne en tant que choix préféré des consommateurs, mais d’autres questions comme le style de vie, la mentalité des acheteurs et l’anxiété liée aux batteries seront également des obstacles à surmonter.
Si les véhicules électriques atteignent un point où ils représentent 10 % de toutes les ventes de véhicules, il faudra beaucoup de temps pour que la plupart des véhicules sur les routes soient électriques, comparativement aux moteurs à combustion interne, a fait remarquer M. Daugherty.
Par exemple, lorsque le Canada était à son apogée pour les ventes de véhicules neufs, les unités vendues étaient un peu plus de deux millions. Donc, si les ventes devaient atteindre de nouveau de tels niveaux et que plus de 200 000 véhicules vendus étaient électriques, il faudrait encore de nombreuses années pour que les 30 millions de véhicules au Canada soient convertis.
De plus, même atteindre cette marque pourrait prendre du temps, car au premier trimestre de 2021, seulement 3,34 % des ventes de véhicules étaient électriques.
“Le parc va donc changer et s’électrifier assez lentement. Par conséquent, les véhicules à moteur à combustion interne seront encore là pendant longtemps”, a déclaré M. Daugherty.
Et les ventes ne sont pas motivées par l’économie, a-t-il ajouté. La technologie des véhicules électriques est plus coûteuse que celle des véhicules à combustion interne.
“Vous allez donc assister à une entrée très lente de cette technologie sur le marché des pièces de rechange. Mais cela va être continu”, a déclaré M. Daugherty. “Cela va donc commencer par l’arrêt-démarrage dans les véhicules hybrides, puis se poursuivre avec les véhicules électriques à batterie. Avec le temps, vous commencerez à voir les pièces traditionnelles à moteur à combustion interne diminuer en volume, puis les pièces électrifiées de nouvelle technologie augmenter.”
La mentalité d’achat d’un nouveau véhicule est différente ici qu’en Europe, où l’on s’attend à des taux d’adoption plus élevés, a-t-il noté.
Ici, “les gens achètent des véhicules et se disent : “J’ai besoin d’un Suburban [GMC] parce que je vais chez ma mère deux fois par an en Floride”. Et ensuite, ils s’en serviront pour expliquer pourquoi ils ont vraiment besoin d’un Suburban le reste de l’année”, a déclaré M. Daugherty. “Maintenant, il est probable qu’ils veulent simplement conduire un Suburban tout le temps ; ils utilisent cette rationalisation.”
Dans le même ordre d’idées, les gens pensent également qu’ils ne pourront pas faire de longs voyages avec un véhicule électrique à batterie. Il se peut donc que davantage de personnes se tournent vers les véhicules hybrides, a-t-il ajouté. Les gens se sentiront plus en confiance en sachant qu’ils peuvent faire le plein à la station-service, au cas où.
Le logement est un autre problème. Les personnes dont les revenus sont les plus élevés et qui possèdent une maison et un garage ont été les premières à adopter le véhicule électrique et à pouvoir se permettre d’investir dans ce dernier.
“Lorsque vous commencez à vous adresser à différents groupes d’acheteurs… ils n’ont peut-être pas d’endroit où se brancher. Leur complexe d’appartements n’a peut-être pas de banque de chargeurs de batterie, ou leur maison en grès brun où ils se garent dans la rue n’a pas de chargeurs de rue”, a expliqué M. Daugherty. “Vous allez donc vous retrouver dans cette situation où il est difficile pour eux de comprendre comment ils pourraient intégrer [un véhicule électrique] dans leur style de vie.”
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