VinFast VF8 et le Vietnam

Le 25 septembre 2022

Au moment d’écrire ces lignes, je suis à 41 000 pieds d’altitude dans un confortable Airbus A350-900 qui file à 571 m/h, direction, San Francisco. En fait, je suis de retour du Viet Nam où j’avais été invité par la compagnie VinFast afin de visiter ses installations dans ce pays du Sud-est asiatique. Ce qui explique pourquoi mon blogue est un peu en retard cette semaine (selon mon horaire)! En même temps, ce nouveau constructeur d’automobiles a voulu m’y faire essayer son tout premier véhicule entièrement électrique, le VUS intermédiaire VF8. Déjà exposé au centre commercial du Carrefour Laval, inutile de vous dire qu’il est attendu avec impatience par les amateurs de voitures électriques au Québec.

C’est le troisième voyage que ce constructeur organise dans son pays pour se faire connaître de la presse automobile internationale (ce qui expliquerait que vous avez peut-être déjà vu un article à ce sujet dans quelques publications). Pourtant, la surprise y est déjà, on s’explique un peu mal comment une « start up » de cette envergure nous vient aussi spontanément d’un si petit pays qui, pour les plus vieux lecteurs, nous rappelle des images d’horreur d’une guerre qui a marqué la fin de la toute puissante réputation militaire des États-Unis à la fin des années soixante. Plus encore, je suis persuadé que certains lecteurs ont aussi visité ce pays il y a une dizaine d’années n’y gardant qu’un souvenir d’exotisme plus ou moins pauvre, selon les critères de chacun. Méfiez-vous, tout est à y changer et vous en seriez surpris. Et la compagnie VinFast fait partie de ce changement radical. Et radical est un mot bien choisi!

Si vous avez visité le Viet Nam il y a dix ans ou plus ou si vous en avez vu des reportages qui commencent à dater, vous avez peut-être gardé ce souvenir de piétons qui tentent de traverser une rue de sa capitale Hanoï en se faufilant au travers d’une marée de scooters et de vélos. Cette image est en train de changer. De plus en plus d’autos et de VUS sont à remplacer les scooters et petites motos (et si vous pouvez vous imaginer l’anarchie qui règne au niveau de la circulation à Hanoï avec les motos, essayez de vous faire une image de la situation avec des autos et camionnettes).

Disons que ce phénomène est plutôt récent. Depuis les quelques dernières années, le Viet Nam a décidé de se prendre en main et d’exploiter son potentiel industriel et commercial.  Et le consortium VinGroup en est en grande partie responsable. VinFast fait partie de ce groupe. Ce constructeur automobile a débuté il y a environ cinq ans avec des scooters, puis de petits véhicules commerciaux pour enfin se tourner vers l’automobile. Vous verrez donc dans les rues de Hanoï et ses alentours multiples scooter de la marque et surtout de superbes VUS intermédiaires et des berlines de luxe arborant la marque VinFast. Toutes sont à moteur à combustion interne…enfin, étaient. Car Vinfast est à abandonner le moteur à combustion interne pour passer au tout à l’électrique. Et du même coup, attaquer le marché mondial incluant l’Amérique du Nord (il est d’ailleurs à construire une usine d’assemblage en Caroline du Nord…).

Le premier produit que VinFast veut commercialiser chez nous, c’est un VUS (ou plutôt un VUM) intermédiaire qu’il appelle le VF8 (le constructeur a profité de notre présence sur place pour y dévoiler la version de production du VF9 qui sera un VUM encore plus imposant capable de rivaliser avec les Ford Explorer et autres camionnettes du genre alors que nous y avons même vu un plus petit modèle, le VF7!). Déjà, certains exemplaires de VF8 ont été vendus chez nous à des acheteurs qui ne les avaient même pas conduits ! Ils ont pu, toutefois, le faire la semaine dernière, tout comme nous d’ailleurs, sur un court trajet créé à même un petit circuit routier d’un immense centre de villégiature (VinPearl qui appartient, vous vous en doutez, à VinGroup). Les premières unités canadiennes de VF8 devraient nous arriver en décembre prochain.

Mais avant de nous faire conduire le VF8, VinFast a tenu, propagande oblige, à nous montrer ses usines toutes neuves où l’on construit et assemble d’abord des scooters puis des automobiles. Évidemment, cette tournée (où nous avons pu prendre toutes les photos voulues, ce qui est assez inusité dans ce domaine) incluait même une visite de l’usine de batteries (avec restriction des photos, toutefois) que VinFast produit pour lui-même ! Et VinFast fait ses propres puces électroniques et ses chargeurs aussi!

Quant à l’usine de voitures, celle-ci est, on s’en doute, ultra-moderne avec une foule de robots qui accomplissent les tâches les plus dangereuses ou difficiles. Nous y avons même vu les opérations d’emboutissage! Et tout ce travail se faisait dans des installations d’une grande propreté!

Évidemment, je pourrais continuer pendant des heures à vous décrire non seulement les usines, mais aussi des quartiers complets de grands édifices d’habitation très modernes et stylisés qui devraient aider les Vietnamiens à mieux se loger et surtout à sortir de grands centres urbains vieillots (voire même malsains) pour habiter des quartiers immenses offrant un environnement incroyable avec la multitude de petits commerces auxquels les Vietnamiens sont habitués, le tout autour de lacs artificiels (il ne manque pas d’eau au Viet Nam) et plages créées sur place, le tout à un prix abordable pour les habitants du pays!

La VF8

Évidemment, le clou du spectacle (et nous avons eu droit à plusieurs spectacles, la plupart typiques au pays) fut le premier essai du VF8. Comme décrit plus haut, les journalistes, chroniqueurs et même influenceurs invités ont eu le droit de conduire des VF8 sur un circuit aménagé à même un terrain de jeu immense (VinPearl, une sorte de Disneyland vietnamien) dans les îles du sud du pays. Vinfast y avait ses deux modèles principaux, celui de base Eco reconnaissable à ses jantes de 19 pouces avec pneus Goodyear pour VUS et la version de luxe Plus avec le toit ouvrant et les roues de 20 pouces chaussées de pneus Goodyear Eagle F1 de très haute performance.

Question style, les photos parlent d’elles-mêmes. Vous pouvez juger de vous-mêmes du design qui, en ce qui me concerne, est loin d’être vilain. Bien entendu, le sigle de Vinfast (le grand V) y est mis en évidence, mais je le vois comme de bon goût. Les dimensions extérieures coïncident parfaitement avec les besoins et les attentes générales des  consommateurs nord-américains et je crois que le VF8 se fondra facilement dans le marché automobile de chez nous.

Quant à l’intérieur, peu de surprise ici. Il y accepte cinq passagers dans un environnement relativement élégant, mais plutôt sobre. Il est difficile d’y émettre une opinion en ce qui a trait à sa qualité d’assemblage vu que nos véhicules d’essai étaient des unités de pré-production pour les États-Unis (l’instrumentation y compris le compteur de vitesse étant en mesures américaines), mais au moins, j’ai pu « jouer » un peu avec l’ordinateur de l’écran central (plutôt imposant). C’est, d’ailleurs, la seule source de toute instrumentation du véhicule sauf pour le compteur de vitesse. L’accès à l’intérieur y est facile et l’espace intérieur dégagé. Les places arrière sont généreuses et l’espace consacré au chargement largement suffisant. Évidemment, on pourra élaborer plus longuement sur les qualités et défauts de la finition quand le VF8 nous sera disponible sur la flotte de presse plus tard dans l’année.

J’en ai profité pour faire quelques « tours de piste » (toujours accompagné d’un « instructeur ») avec les deux versions mises à notre disposition. Cette piste d’essai était constituée de deux boulevards avec un beau revêtement sans défauts qui nous a permis d’atteindre certaines vitesses dépassant les 120 km/h (!) avec une loupe à chaque extrémité qui nous permettaient, elles, de « tester » un peu le comportement routier. J’ai réussi à y faire crier les pneus de « base » Goodyear VUS (et l’accompagnatrice!), mais pas les F1. Enfin… C’est chez nous que l’on pourra constater comment ce VinFast se comporte sur nos « belles roues » du Québec.

En ce qui a trait aux performances, sans instruments de mesure, il est difficile de dire si les accélérations et les capacités de dépassement (on ne peut dire reprises ici puisqu’il n’y a pas de boîte de vitesses dans la configuration du VF8) sont plus impressionnantes que celles de la concurrence, mais déjà, elles m’ont paru très à la hauteur de la situation (le constructeur estime que les accélérations jusqu’à 100 km/h prendront 5,9 secondes pour la version Eco et 5,5 pour la version Plus… ce qui reste à vérifier…). Il en va de même pour l’autonomie (de 400 à 450 km approximativement) et autres mesures nécessaires à une telle évaluation. Par contre, on peut parler ici du notable silence de fonctionnement de l’ensemble électromécanique à deux moteurs (avant et arrière pour la motricité intégrale), de la légèreté de la direction et du freinage qui pourrait gagner en puissance. Mais encore une fois, la période d’essai fut trop courte et trop contraignante pour se prononcer.

Selon les documents de VinFast, le VF8 est capable de plus de 400 kilomètres avant une recharge (chaque véhicule est vendu avec un chargeur). Soulignons qu’il est possible d’acheter ce véhicule avec la batterie ou avec la possibilité de louer la batterie qui, je le rappelle, est faite par Vinfast même.

Pour le moment, les prix ont déjà été dévoilés. La version Eco se vendra 54 990 $ au Canada alors que la version Plus affichera une facture de 64 990$… sans l’ensemble de batteries. Car il faut les louer ces batteries ou encore les acheter. Pour plus d’information à ce sujet, vaut mieux consulter le site du constructeur vinfastauto.ca…Le VF9 a, pour le moment, un, prix de 103 790 $ avec la batterie, 79 990 $ sans les batteries qu’il faudra louer… Il reste maintenant à savoir comment le VF8 « passera » l’hiver chez nous. Les techniciens et autres gens à qui j’ai parlé (dont la vice-présidente de la compagnie) ont déjà compilé des données prises sur la concurrence en Amérique du Nord (comme des Volkswagen ID.4 ou Hyundai Ioniq 5) et VinFast est confiant de pouvoir y passer le « test ». Ce sera donc un important dossier à suivre. En attendant, je suis impressionné par la vitesse à laquelle VinFast a réussi à développer un tel véhicule électrique. Incroyable, mais vraie, cette « start up » vietnamienne a réussi à supplanter les si orgueilleux constructeurs japonais qui, jusqu’ici, n’ont rien présenté d’aussi impressionnant que VinFast!

Ce que j’ai vu au Vietnam

Bien entendu, un mordu de l’automobile comme moi ne peut aller dans un nouveau pays sans observer le parc automobile qui se présente à ses yeux. Au départ, il faut dire que ce parc est plutôt « « jeune ». On n’y voit pas de vieilles voitures. Je le répète, les Vietnamiens sont à passer de la moto et du scooter à l’auto. Sur la route, on y voit actuellement plusieurs produits de Hyundai, Mazda et Toyota. Par contre, en ce qui a trait aux camionnettes, c’est par centaines que l’on y voit des Ford Ranger et Transit. Curieusement, lors des cinq jours que j’ai passés dans ce pays qui se dit (ou disait?) « communiste », je n’y ai vu qu’une seule auto américaine, une Chrysler 300 d’il y a quelques années, mais plusieurs VUS de toutes origines dont, dans la région de Hanoï, de multiples Ford Explorer de dernière génération! Il y avait aussi une multitude poids lourds japonais et chinois, mais surtout des tracteurs Freightliner et International Eagle à cabine à capot (j’y ai aussi vu un Peterbilt et un vieux Ford Aeromax!).

L’aventure se poursuivra avec le plus imposant VF-9 à sept passagers!

Voilà donc un dossier qui sera fascinant à suivre surtout si le constructeur se prépare à nous offrir également le plus imposant VinFast VF9 et le plus petit VF7. Il y a également au programme le VF5 puis, le VF6, mais aucune camionnette pick-up…du moins pour le moment!