Mécanique
TECHNICIEN VS MÉCANICIEN
Dernièrement, quelqu’un m’a posé une excellente question : « Quelle est la différence entre un technicien en mécanique et un mécanicien ? » J’ai réalisé que jamais je ne m’étais questionnée à ce sujet.
Depuis que mon conjoint et moi avons acheté l’atelier en 2012, j’ai toujours utilisé le terme technicien lorsque je fais référence à mes mécaniciens, une expression plus valorisante à mes yeux. Dire « Cher client, le technicien a remarqué une fuite sur votre moteur », sonne beaucoup plus professionnel.
Je suis gênée d’admettre qu’avant de rencontrer l’homme qui allait aussi devenir mon partenaire d’affaires, je croyais que tous les mécaniciens ressemblaient au personnage stéréotypé de Alain Dumas dans ses sketches de Juste pour Rire. J’ai vite constaté que ce n’était pas le cas et réalisé l’importance de briser ce cliché peu flatteur.
ABSENCE DE DEP
Mon amoureux me corrigeait souvent en répétant qu’il est mécanicien et non technicien, car au Québec, il n’y a actuellement pas de formation technique dans le secteur de la mécanique automobile. Un DEP (diplôme d’études professionnelles) suffit pour travailler dans le domaine et nombreux sont ceux qui ne possèdent aucune formation préalable. Il réitère que pour se définir comme technicien, il faut avoir complété un cours technique.
Ceci m’amène à me questionner. Pourquoi les cégeps n’offrent-ils pas un programme en mécanique automobile au Québec ? Un DEP pourrait servir de porte d’entrée avec des cours de base, tandis que des études de niveau collégial pourraient offrir des cours plus avancés. Les infirmières ont la possibilité de s’éduquer à 3 différents paliers soit au niveau professionnel, au cégep ou encore à l’université. Chacune trouve sa place sur le marché du travail, peu importe le niveau de scolarisation. Pourrait-on proposer le même cursus aux futurs mécaniciens, puisque leurs tâches ne cessent de se complexifier ?
UTILISATION JUSTE ET VALORISANTE
Revenons au terme technicien en mécanique. Selon le site web de l’Ordre des technologues professionnels du Québec, un technicien se définit comme suit : « Un technicien possède une formation professionnelle d’une durée d’un ou deux ans, mettant l’accent sur les connaissances pratiques, soit avec un DEP ou un AEC (attestation d’études collégiales). » De plus, le CSMO (Comité sectoriel de main-d’œuvre) utilise aussi le titre de technicien, au même degré que mécanicien. Il semblerait donc acceptable de s’identifier comme technicien en mécanique automobile au Québec, un terme juste et valorisant pour le métier.
En cette période de pandémie, nous sommes des travailleurs essentiels. Cette chance de pouvoir continuer à exercer nos activités malgré toutes les fermetures autour de nous souligne l’importance de notre profession. Elle fait partie d’un marché en croissance qui contribue de façon considérable à l’économie
S’INTERROGER SUR NOTRE MÉTIER
J’aime toujours finir mes textes avec un peu d’introspection. Contribuez-vous dans votre commerce à valoriser le métier de mécanicien en brisant les stéréotypes ? Encouragez-vous la relève à vouloir pratiquer ce métier en démontrant sur une base régulière les subtilités de ce travail complexe, où la perfection est de mise ? Qui sont les mécaniciens de demain ? Croyez-vous qu’une formation spécialisée au niveau collégial serait pertinente ? Elle pourrait attirer une main-d’œuvre qualifiée, capable de répondre aux nouvelles exigences de notre profession.
Je considère qu’il est temps de se questionner sur notre métier et ce qui devrait être requis pour l’exercer. Nous devrions amorcer une réflexion sur les raisons du manque d’intérêt de nos jeunes face à notre secteur d’activités. Quoi changer pour les convaincre des possibilités de carrière qu’offre notre domaine en pleine évolution ?
Soyons fiers de notre industrie et continuons à encourager notre relève en leur montrant la chance incroyable que nous avons de travailler dans un milieu innovateur, mais surtout essentiel
Article avec Jennifer Oborne, copropriétaire de l’atelier Oborne Service 2012 Inc par JENNIFER OBORNE – P.5 Magazine L’AUTOMOBILE
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