Blogue d'Éric Descarries, Éric Descarries, Pièces et pneus
Range Rover Sport et Daytona
Le 1 février 2024
Le véhicule dont il sera question cette semaine est le «majestueux» Range Rover Sport P400 entièrement redessiné qui est arrivé sur notre marché il y a quelques mois. Mais avant de vous donner mes impressions sur ce superbe véhicule anglais, je dois faire un petit retour en arrière.
Un de mes lecteurs est le journaliste Mathieu Thomassin de la région de Québec (que je salue ici). Il disait que ce qu’il aimait de mes textes, c’est que je contais des histoires avant de parler de véhicules. C’est un peu ce que je fais ici. Donc, vous n’êtes pas sans savoir que les Range Rover sont des véhicules anglais…ou devrais-je dire «British». De nos jours, l’industrie automobile anglaise ou british n’a plus le même poids que dans le passé. Il y a peu de journalistes automobiles au Québec qui, actuellement, ont vécu l’ère de l’automobile anglaise sauf, peut-être, un vétéran d’un âge semblable au mien comme, peut-être, mon vieux compagnon de voyage, Denis Duquet. Nous, nous avons connu les autos anglaises des années soixante et soixante-dix avant qu’elles ne connaissent une fin plus ou moins glorieuse.
Si vous êtes parmi les plus jeunes, des gens dans la vingtaine, la trentaine ou peut-être la quarantaine, demandez à ceux de plus de soixante ans autour de vous s’ils ont connu les Austin, les Morris, les Vauxhall ou Viva, les Triumph, les MG, les Wolseley ou même les Jaguar, les Bentley ou les Rolls-Royce de l’époque! De ces noms, peu ont survécu et, pire encore, les marques sont passées aux mains de constructeurs étrangers, voire même allemands, un «ennemi» d’importance durant les années quarante. Je m’imagine Winston Churchill se retourner à grand régime dans sa tombe sachant que les marques britanniques les plus glorieuses comme Bentley et Rolls-Royce sont désormais passées aux mains des Allemandes Volkswagen et BMW!
Land Rover, le constructeur des Range Rover, une marque qui a vu le jour juste après la Deuxième Grande Guerre appartient désormais à Tata Motors, une entreprise…indienne (de l’Inde, une ex-colonie britannique) depuis 2008 pour devenir une des deux divisions de Jaguar Land Rover Limited en 2013. Pas loin de disparaître à la fin des années quatre-vingt-dix, Land Rover a été récupérée pendant moins de deux ans par BMW avant de passer aux mains de Ford en 2005 puis à Tata quand Ford a dû se défaire de ses marques «internationales» face à une faillite possible.
À l’époque, Land Rover était une petite marque indépendante et, au Canada, ses dirigeants, de modestes administrateurs canadiens (français et anglais) organisaient des excursions extraordinaires, souvent avec leurs confrères américains. Durant les années quatre-vingt-dix, j’ai fait des excursions avec Land Rover dans les Grands Tetons au Wyoming (faites une petite recherche sur internet où vous trouverez que le parc des Grand Teton est un des plus beaux en Amérique et que, oui, le nom est vrai, venant des explorateurs…français). J’ai aussi conduit des Land Rover dont le petit nouveau de la famille alors en pleine modernisation, le Freelander, sur les chemins de glace autour de la Baie-James et en Islande…Ma dernière belle expérience avec Land Rover fut il y a quelques années lorsque j’ai visité son usine à Solihull en Angleterre après avoir roulé sur sa piste d’essai du même endroit!
Comme vous pouvez voir, j’ai gardé un beau souvenir de la marque et malgré que je sois un amateur de Jeep, j’ai toujours une grande affinité avec Land Rover et sa marque de luxe Range Rover.
Car, malgré ses capacités hors route indéniables, Range Rover a toujours été une marque de grand luxe, même à sa naissance au début des années soixante-dix. Aujourd’hui, même son plus petit Evoque est classé comme un VUS compact de grand luxe. Toutefois, ce sont surtout les Range Rover et Range Rover Sport qui sont considérés comme les véhicules haut de gamme de la marque.
En 2022, Land Rover lançait une version renouvelée de son plus imposant modèle suivi en 2023, de sa version Sport. C’est justement de celle-ci dont il est question ici. En fait, le VUS Range Rover Sport est une réplique du grand Range Rover, mais avec un derrière un peu plus court affichant un design distinctif. C’est un VUS à cinq passagers plutôt qu’à sept. Mais ce qui est remarquable, c’est que le véhicule ait conservé une silhouette qui, malgré tout, lui est reconnaissable. Et j’aime cette ligne. J’aime ce véhicule. Et cela malgré sa réputation de manque de fiabilité et de petits défauts agaçants (une caractéristique qui a affublé les automobiles anglaises des années soixante qui, malgré des succès comme les Mini et les MGB, auront contribué à l’effondrement de l’industrie automobile anglaise…entre autres choses…).
Je vous laisse donc juger de vous-mêmes le design de ce grand VUS tout-terrain. Remarquez, sur mes photos, la peinture d’un gris mat de mon Range Rover Sport d’essai, une finition optionnelle qui vaut quelque 9400 $ ! Pas certain que je paierais cette petite fortune pour une peinture comme celle-là!
Quoique je n’aie rien à redire du style du véhicule, je me suis dit que c’était un «vrai char anglais» quand le déverrouillage électronique de la porte du conducteur ne fonctionnait pas toujours (faut voir les poignées sortir de la carrosserie par fonction électrique ce qui peut être un vrai petit désastre quand elles sont glacées en hiver) ou quand on cherche la clenche du second déverrouillage du capot qui est si profonde qu’elle est difficile à atteindre. Toutefois, j’aime tellement le dernier mouvement automatique de la fermeture en toute douceur des portières (en enclenche à peine la portière alors qu’un moteur électrique s’occupe de tirer celle-ci à son point final d’ancrage!).
L’intérieur est certes le point fort du Range Rover Sport. Son design et le choix des matériaux de la finition valent la peine d’être mentionnés. Le tableau de bord ne présente pas un design spectaculaire, mais il est d’une rare élégance avec des affichages vidéo précis et remarquables. Cependant, en ce qui a trait aux commandes, on peut encore une fois se fier aux Anglais pour nous confondre. Par exemple, ouvrir les portières de l’intérieur demande un peu de recherche vu que les poignées sont d’un chrome noir sur un fond…noir! Puis, les commandes individuelles du chauffage demandent que le conducteur ou le passager presse sur le centre du bouton rotatif de la température pour engager la puissance du chauffage des sièges et de tirer sur la bague extérieure de cette même commande pour régler la vitesse du ventilateur de la chaufferette (en passant, le chauffage y était quand même parfait, même celui des sièges et du volant!) ! Il en va de même pour trouver toutes les pages du centre d’information centrale au tableau de bord. Notez que le grand écran central est combiné à Apple CarPlay et Android Auto et que le conducteur peut profiter de commandes vocales avec Amazon Alexa pour plusieurs fonctions.
Autrement, les passagers ont droit à un confort inégalé, typiquement British avec une sellerie de cuir haut de gamme. Accéder à l’habitacle est un vrai charme puisque la suspension pneumatique abaisse la caisse du Range Rover pour en faciliter l’accès. La chaîne audio Meridian 3D optionnelle (à 29 haut-parleurs!) est un ajout agréable sur la route. Les places arrière sont généreuses à souhait alors que l’espace réservé au compartiment à bagages est vaste, largement suffisant pour les valises des occupants en voyage.
Sous le capot
C’est vraiment dommage que le couvercle de plastique recouvrant le moteur soit si imposant, car j’aurais bien voulu vous montrer le tout récent moteur six cylindres en ligne Ingenium de Jaguar Land Rover sous le capot. Celui-ci, d’une cylindrée de 3,0 litres, développe quelque 395 chevaux étant aidé d’un petit moteur électrique de 48 volts (qui contribue aussi au système d’économie de carburant «stop-start» quand le véhicule est immobilisé à un feu de circulation). Vous aurez compris que c’est une version Mild Hybrid qui, avec sa boîte automatique à huit rapports, transmet sa puissance aux quatre roues via un boîtier de transfert électronique. D’ailleurs, grâce à celui-ci, le conducteur peut choisir les modes de conduite incluant celle sur pavé sec, sur pavé mouillé, dans la neige, dans le sable et ainsi de suite. Il peut même passer de haut à bas rapport de transmission du boîtier de transport. La boîte à huit vitesses s’enclenche par commande électronique grâce au levier central alors qu’il est passible de «jouer» avec les vitesses grâce aux palettes au volant. Les roues de 22 pouces de mon véhicule d’essai étaient chaussées de pneus Michelin X-Ice Snow SUV appropriés.
Sur la route
Bien entendu, le confort, c’est ce qui prime au volant de ce Land Rover. Il est aussi très silencieux quoique, lorsque sollicité, le beau six cylindres émet un son caractéristique qui n’est pas déplaisant aux oreilles. Ce qui m’amène à vous parler de performance. Malgré le fait que cet Ingenium de 3,0 litres développe 395 chevaux, il doit déplacer une masse de près de 5500 livres! (!). Par conséquent, passer du point mort à 100 km/h peut demander autour de 7 secondes. Toutefois, on aurait dit que ces accélérations, quand même respectables, étaient un peu laborieuses. Mais, tout compte fait, ce ne pourraient être que de fausses impressions. Spécifions que les reprises sont un peu plus convaincantes. D’autre part, la capacité de remorquage de 7 160 livres devrait être utile à bien des propriétaires de VUS.
Ce qui est très agréable avec le Range Rover, c’est sa suspension pneumatique qui, je le répète, peut s’élever ou s’abaisser (elle s’abaisse automatiquement en ouvrant les portes pour aider à l’accès) selon le mode de conduite choisi, soit que ce soit sur et hors route. Elle contribue également au confort routier du véhicule qui n’a rien à voir avec la fermeté des suspensions à ressorts des 4 x 4 du passé.
Car tout Land Rover a été créé pour sortir des sentiers battus, si je peux m’exprimer ainsi. Je n’ai pas pu faire d’excursion hors route avec mon Land d’essai, mais si j’avais eu accès à un terrain approprié, je n’aurais eu aucune crainte de l’attaquer. Par contre, je m’en suis servi pour des déplacements sur autoroute voire même sur des routes enneigées dans les Laurentides et Lanaudière et, avec l’aide des Michelin X-Ice Snow, je me suis senti encore une fois en sécurité.
Question consommation, avec des déplacements à demi sur autoroute, à demi urbain, j’ai réussi une moyenne de 11,9 l./100 km, ce qui est respectable pour un si gros véhicule surtout en hiver! Malheureusement, ce type de véhicule n’est pas donné. Le prix de base d’un Land Rover Dynamic SE 400 est de 108 450 $. Le véhicule dont il est question ici avait pour plus de 23 260 $ d’options (incluant un ensemble «Hot Climate» de 2400 $, un intérieur plus huppé de 2100 $, des étriers de freins peints en rouge de 500 $, la stéréo Meridian de 450 $, l’ensemble noir de 800 $, le pare-brise chauffant de 450 $, les glaces laminées de 900 $, la fermeture automatique en douceur des portières de 850 $, le toit peint en noir de 900 $, la peinture matte spéciale de 9400 $, les écrous verrouillables chromés de 225 $ , une foule d’autres «petites» options (toutes de quelques centaines de dollars chacune) en plus du «Technology Pack» de 1800 $ et de frais de transport et préparation de 1950 $, la facture finale totalisait 133 666 $ plus les taxes!
Au moins, de tels Land Rover ne semblent pas se démoder. Et les véhicules vieillissent relativement bien quoique leur entretien soit plutôt onéreux, les concessionnaires chargeant plus de 250 $ de l’heure pour le service. Évidemment, les Land Rover traînent avec eux cette vieille réputation de faible fiabilité, mais nos récentes recherches prouvent que la marque a procédé à d’importantes améliorations à ce niveau.
L’industrie automobile anglaise (ou ce qu’il en reste) compte beaucoup sur sa réputation passée de belle finition d’élégance et de performance légendaire. Alors, un véhicule aussi impressionnant que le Range Rover Sport ne peut que continuer cette belle réputation, j’en suis convaincu.
Les 24 Heures de Daytona
Le weekend dernier, la légendaire piste américaine du Daytona International Speedway en Floride accueillait une multitude d’équipes de course automobile d’un peu partout dans le monde, surtout pour son programme principal qui consistait en une épreuve d’endurance de 24 heures. Outre la vingtaine de prototypes qui y participaient (avec des marques comme Cadillac, Porsche, BMW, Acura, Oreca et j’en passe), il y avait plus d’une trentaine de voitures de sport de production (de marques comme Ferrari, Porsche, Lamborghini, Mercedes-Benz, Corvette, Mustang et autres) qui se disputaient des trophées dans deux catégories distinctes. Chaque voiture était conduite par des équipes de trois ou quatre pilotes et, à la fin, ce fut la victoire d’un prototype de Porsche piloté par l’équipe Penske de Felipe Nasr, Dane Cameron, Josef Newgarden et Matt Campbell qui a fait la manchette, celui-ci ayant battu un impressionnant prototype de Cadillac (oui, oui, vous avez bien lu, Cadillac!) par quelques…deux secondes (sur 24 heures!).
La veille, il y avait une course d’endurance de quatre heures pour petites autos sport qui mettait aux prises certains véhicules de grande marque (encore une fois Porsche y était très présent) et d’autres voitures d’allure sportives mues par des moteurs de petite cylindrée turbocompressé. C’est ici que j’aimerais souligner la victoire de l’Audi RS3 no 17 de l’équipe commanditée par une compagnie québécoise bien en vue dans le domaine de la performance, Unitronic de Laval. Petite note très personnelle, j’en suis d’autant plus fier que le design de la livrée de l’auto soit le travail de Guillaume Descarries, le fils de l’auteur de ces lignes! La saison commence alors très bien!
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