Industrie de la carrosserie, Isabelle Havasy
LORSQUE LA CARROSSERIE SE TRANSFORME EN ART
(Article publié dans le magazine L’Automobile Carrosserie, octobre 2023)
Par Isabelle Havasy
Tel un artisan, Tony Curtone bichonne, depuis plus de vingt ans, les véhicules de luxe et exotiques qui se succèdent dans son atelier de carrosserie de la rue Port-Royal à Montréal.
Prédestiné à reprendre les commandes de l’entreprise familiale en construction, Tony décide de suivre sa passion. « J’ai toujours eu une grande affinité avec les voitures », déclare-t-il, le regard brillant. Il achète son premier bolide à 16 ans. Le sous-sol familial servira d’entrepôt pour héberger les pièces de la Camaro qu’il a démontée. Elle nécessitera près de deux ans de travail assidu pour retrouver son lustre d’antan.
Retaper les voitures de ses amis, tant au point de vue mécanique qu’esthétique, deviendra son passe-temps favori les week-ends alors qu’il occupe ses jours et ses soirs de semaines dans des emplois divers dans l’automobile. « Travailler dans différents ateliers m’a permis d’acquérir une expérience diversifiée et de découvrir plein de façons de réparer un véhicule. »
Quand l’audace frise l’effronterie
Technicien en mécanique de formation, Tony fera ses classes à ce poste chez Volvo pendant sept ans, une marque à laquelle il voue une fidélité sans bornes. Et pour cause. Ce constructeur deviendra le premier client commercial de Carrosserie Euro lorsque, en 2002, il se lance en affaires avec son associé Luigi Perrotta.
De fil en aiguille, et armé d’une audace qui frise l’effronterie, Tony approchera tour à tour les manufacturiers de luxe dans l’espoir de les ajouter à sa liste de clients VIP. Sa ténacité portera ses fruits. Aujourd’hui, ce fleuron du Québec figure au palmarès des dix meilleurs ateliers de la province. Il peut se vanter d’avoir collaboré avec les marques les plus prestigieuses telles Ferrari, Bentley, Rolls-Royce, Aston Martin et Maserati. « Il n’y a aucun véhicule sur la planète que je ne pourrais pas toucher, réparer ou ajuster », déclare fièrement Tony.
Le coût de la spécialisation
Toutefois, ce segment particulier de la carrosserie a un coût. « Nos tarifs sont de 30 % à 40 % plus élevés que la moyenne, justifiés par la provenance des pièces et le niveau de spécialisation de nos techniciens. » Mais vous en aurez pour votre argent! Tony est très pointilleux en ce qui concerne la méthodologie et la rigueur des procédés, afin de « protéger la marque et de conserver la valeur de ces véhicules qui ont souvent une longue durée de vie. C’est ma réputation qui est en jeu! ».
En vingt ans, cette façon de procéder a parfois entraîné des frictions avec certains assureurs, mais en général, « ils comprennent lorsque je leur explique les raisons sous-jacentes. » Faisant classe à part, Carrosserie Euro ne s’est jamais associée avec des assureurs. « C’est exceptionnellement rare qu’un atelier puisse fonctionner, survivre et même être lucratif sans avoir d’entente préalable. » Un cas unique tout comme cette entreprise qui offre un service ultra-personnalisé qui va bien au-delà des attentes de sa clientèle.
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