Blogue d'Éric Descarries, Éric Descarries
La dernière Kia Stinger et la Classique d’automne à Tremblant
Le 27 septembre 2023
Comme je vous l’expliquais la semaine dernière, même si cette profession de chroniqueur automobile semble si glorieuse à vos yeux, pour certains d’entre nous, la «job» n’est pas toujours facile. Croyez-moi, avec quelque 40 ans dans ce domaine, je sais de quoi je parle.
Par exemple, en ce temps-ci de l’année, alors que certains chroniqueurs se donnent des tapes dans le dos suite à la parution de leur catalogue de l’année (une tradition qui perd de son lustre suite aux changements dans le monde de l’automobile et de l’édition) et d’autres doivent se payer des petits voyages éreintants pour des présentations de véhicules presque reconduits, certains «vétérans» qui ne veulent que continuer leur boulot se retrouvent avec des choix de véhicules qui commencent à dater vu que les vraies nouveautés tardent à nous arriver.
Et c’est pire encore cette année! En effet, la grève qui frappe les constructeurs américains, l’invasion plutôt discrète (sournoise?) des constructeurs chinois en Europe, la tentative de tous les constructeurs de nous impressionner avec leurs autos électriques et le besoin que nous avons d’essayer de demeurer impartiaux ne nous facilitent pas l’ouvrage. Ajoutez à cela la disparition du segment des autos (surtout à essence) au profit de leur remplacement par des VUS et des VUM dont la plupart, sont hybrides ou électriques.
Vous n’êtes pas sans savoir que, d’ici peu, plusieurs autos seront éliminées des catalogues de certains constructeurs, des voitures comme la Kia Stinger, les Dodge Charger et Challenger et autres en plus du remplacement de quelques autres produits comme les camionnettes Tacoma de Toyota par des nouveautés qui tardent à nous arriver.
Par conséquent, au cours des prochaines semaines, je devrai me «contenter» de véhicules 2023 dont la «vie utile» s’étirera fort possiblement de quelques moins jusqu’en 2024! La berline Stinger de Kia dont il est question cette semaine en est un exemple frappant. La Kia Stinger, Voiture de l’année 2019 de l’AJAC, en est à sa dernière année de production en 2023.
Aussi ironique que cela puisse paraître, alors qu’elle a été nommée «Voiture de l’année» par les membres de l’AJAC (Association des Journalistes Automobile du Canada) en 2019, la Stinger tirera sa révérence à la fin de l’année. C’est que, malgré toutes les belles qualités de la Stinger incluant son look agressif, mais moderne, cette puissante berline ne se vend pas suffisamment pour en justifier la production. La Stinger n’aura duré qu’une seule génération.
Oh! En passant, la Stinger partage sa plateforme et une grande partie de sa mécanique avec la plus luxueuse Genesis G70, une marque qui est proche cousine de Kia et Hyundai. Si la Stinger devait être une berline sportive s’adressant à une clientèle plus modeste, la Genesis devait être plus axée vers une clientèle plus riche. Mais au travers de tout cela, c’aura été les VUS de luxe qui auront été leur pire ennemi. La Genesis survivra…du moins pour le moment. Mais la Stinger sera éliminée.
Lors de son lancement il y a quelques années, il était possible d’obtenir une berline Stinger (de pleine grandeur) avec un puissant quatre cylindres turbocompressé et la propulsion. Mais, pour cette dernière production (dont le nom officiel de mon véhicule d’essai était Tribute), la Stinger n’est disponible qu’avec un V6 turbocompressé de 3,3 litres qui fait 368 chevaux et 376 li-pi de couple avec boîte automatique à huit rapports et la traction intégrale.
La Stinger n’aura connu qu’une seule forme de carrosserie, une grande berline à quatre portes avec toit fuyant qui peut accepter cinq personnes à son bord. Dès son lancement, cette belle Kia n’a reçu que des félicitations. Même aujourd’hui, on la reconnaît facilement sur la route, ne serait-ce que par sa silhouette élancée. Ma voiture d’essai de finition Tribute était une des 1000 autos de ce genre à être produite ainsi. Elle arborait une peinture optionnelle gris argenté mat.
L’intérieur de la Stinger a été créé pour concurrencer celui des berlines européennes qui forment la concurrence de la belle Coréenne. Le tableau de bord est très élégant avec des lignes courbes plaisantes à regarder. Plusieurs commandes d’accessoires sont d’un métal poli, agréable au toucher. J’ai apprécié l’affichage de la vitesse à l’intérieur du pare-brise. L’écran du système de navigation et de la caméra de recul est suffisamment grand, mais pas exagérément. Quand à toutes les commandes, elles sont faciles d’accès et d’opération.
Les sièges d’avant ajustables de plusieurs façons sont aussi confortables alors qu’à l’arrière, les passagers jouiront de beaucoup d’espace pour les jambes, mais la forme fuyante du toit pourrait rendre le débattement pour la tête un peu embarrassant. Toutefois, en ce qui a trait au coffre (accessible grâce à un grand hayon pratique), il est vaste et surtout très utile!
Pour en revenir à la mécanique, répétons que le seul moteur disponible au Canada est ce V6 dont il est question plus haut combiné à la boîte automatique à huit rapports et à la traction intégrale qui ne peut qu’être utile en hiver au Québec. Toutefois, les pneus de la version Tribute que je conduisais étaient des Michelin Pilot Sport à taille très basse qui doivent absolument être remplacé par des pneus d’hiver de grande qualité, la saison froide étant venue. Pas question de choisir de pneus à bon marché puisqu’il s’agit d’une voiture de performance qui peut grimper jusqu’à plus de 240 km/h ! Incidemment, ce type de performance explique pourquoi Kia a choisi des freins Brembo aussi de haute performance pour stopper ce bolide. On devinera qu’ils sont très puissants, mais alors, on peut aussi reprocher à la direction d’être un peu moins ferme…
Sur la route
Prendre le volant de la Stinger est un pur plaisir. On fait vraiment affaire à une berline de performance qui est capable de passer du point mort à 100 km/h en moins de six secondes (et de procurer des reprises étonnantes tant les deux turbos entrent en action si rapidement) tout autant qu’elle est capable de transporter ses précieux passagers tout en douceur dans les rues plus ou moins parfaites de la ville. Question comportement sur des routes sinueuses, il faut se souvenir que l’on fait affaire à un véhicule de plus de 4000 livres, mais on pourrait dire que ce comportement soit aussi prévisible. Le conducteur à l’esprit sportif appréciera les palettes au volant pour «jouer» avec la boîte automatique, mais en général, le moteur et la boîte de vitesses fonctionnent très bien ensemble. Toutefois, j’aimerais apporter un petit bémol sur la visibilité. De l’avant et de côté, tout va bien. Mais la lunette arrière ovalisée est très couchée, ce qui déforme la vue déjà restreinte par sa forme. Évidemment, en vitesse de croisière, le silence de roulement est de mise. Seriez-vous plus rassurés si j’ajoutais que la Stinger a reçu des mentions honorables pour la protection de ses passagers en cas de collision?
Question consommation (souvenez-vous qu’il s’agit ici d’une voiture de «performance», il faut comprendre que la berline Stinger a été créée pour «performer» avec de l’essence suprême. J’ai obtenu une moyenne de consommation à la pompe de 10,8 l./100 km alors que l’ordinateur de bord indiquait 9,8. Il faut dire que la plupart de mes déplacements (environ 75%) se sont faits sur autoroute.
Croyez-vous qu’une voiture avec autant de qualités devrait afficher un prix exorbitant? De base, une Stinger Tribute se détaille à 56 495$. Sur sa facture, il n’y avait aucune surcharge (même pour la peinture facultative) sauf pour le transport et la préparation dont les frais montaient à 1950 $ et la toujours aussi ridicule taxe d’accise fédérale pour la climatisation de 100 $ ce qui résulte en un prix final de 58 545 $.
Conclusion? Je l’avoue, j’aime les grandes berlines. Je les aime surtout pour de longs voyages. Par conséquent, la Stinger figure parmi mes meilleurs choix pour les grands déplacements. Je comprends que plusieurs consommateurs aiment mieux les VUS et les VUM pour des raisons pratiques. Mais j’ai bien aimé la Stinger. Je suis juste déçu qu’elle doive disparaître par…manque d’intérêt…
La dernière de la saison…
Comme vous le savez, je suis un mordu de courses automobiles…surtout de compétitions locales qui mettent en vedette des participants locaux, que ce soit en ovale ou en circuit routier. Et vu que la Classique d’automne qui s’est déroulée au Circuit Mont-Tremblant le week-end dernier serait, à mes yeux, la dernière course d’importance pour nos pilotes locaux pour 2023, je me suis fait un devoir d’aller voir ces gens courageux en action le vendredi des pratiques (tous les pilotes ou presque sont en piste le vendredi alors que l’atmosphère dans les «paddocks» y est plutôt calme et sympathique).
Voici donc quelques photos de mes «amis» en piste (plus de leurs bagnoles que de leur visage…) avant qu’ils ne remisent leur bolide et que le sport reprenne vie le printemps prochain! Oh! En passant! On y roulait avec des «mufflers». Pis? J’ai aimé quand même!
Comments are closed