Blogue d'Éric Descarries, Éric Descarries
Dodge Charger Super Bee, TestFest et Polestar
Le 18 octobre 2023
Habituellement, l’arrivée de l’automne met un frein à mes essais de voitures de performance. Mais cette fois, je sens que ce mois d’octobre essaie de mettre fin à mes amours de voitures américaines de performance. Cette semaine, j’ai eu l’opportunité de rouler au volant de la Dodge Charger Super Bee Edition Spéciale. Pourquoi Édition Spéciale? Parce que ce serait la dernière fois que cette berline on ne peut plus américaine (et ce qualificatif n’est certes pas péjoratif) soit proposée par les concessionnaires Dodge de la grande famille Stellantis.
Ce qui est encore plus désolant, c’est que plusieurs «critiques» automobiles traiteront cette auto de «ridicule américaine» tout en vantant les «prouesses» de berline européennes (et peut-être asiatiques) de même gabarit ! Mais, vraiment, pourquoi ridiculiser une «Américaine» (made in Canada) de quelque 83 000 $ pour vanter des étrangères deux fois plus chères, mais pas nécessairement plus efficaces?
Pour bien des observateurs de l’automobile, la Charger est ni plus ni moins qu’«un char de police». C’est vrai que la Charger a remplacé les Ford Crown Victoria et Taurus dans cette fonction. Mais elle a aussi occupé une place de choix dans le domaine des «muscles cars» ne serait-ce que par la disponibilité de moteur V8 de très haute performance, l’icône des amateurs de telles mécaniques, soit le fameux V8 HEMI (qui sera malheureusement abandonné sous peu!). Y a-t-il d’autres (belles) berlines comme la Charger à prix relativement abordable sur notre marché?
Super Bee
La berline Dodge Charger de l’autrefois division Chrysler de Stellantis n’a pas changé de style depuis déjà quelques années. En fait, la Charger est vraiment née en 1966 sous la ligne d’une Dodge Coronet avec toit fuyant. La deuxième génération a survécu de 1968 à 1970 alors qu’une toute nouvelle génération est apparue en 1971. Cette dernière a gagné plus d’une course en NASCAR. La quatrième génération est arrivée en 1975, le coupé à deux portes passant au créneau des coupés de luxe personnels, loin des «muscle cars».
De 1982 à 1987, la Charger est devenue une petite auto compacte qui ne gagnera pas de concours de popularité. En 2006, la Charger (alors de Daimler Chrysler) nous revient en grande berline à propulsion ou traction intégrale avant d’être redessinée en 2011 sous la forme que nous connaissons actuellement. Ce fut certes une des plus belles Charger jamais produites et c’est celle-ci dont il est question ici.
Toutefois, tout semble indiquer que la Charger changera complètement d’orientation d’ici un an, revenant (on l’espère) sous une robe modernisée, mais propulsée par…un moteur électrique. On n’arrête donc pas le progrès et les amateurs de la marque ont vraiment hâte de voir cette nouvelle Charger sur nos routes…mais en attendant, ils devront se contenter de la «grande finale», la Dodge Charger Super Bee «Last Call» 2023.
C’est justement cette auto que Stellantis Canada m’a confiée la semaine dernière, une Super Bee tout aussi authentique que possible. Ce n’est pas la première fois que je conduis une telle Charger (mais, tout vraisemblablement la dernière fois!) ayant eu auparavant plusieurs autres versions de Charger incluant la version V6 à traction intégrale (pour un voyage au Salon de l’auto de New York) et la version Red Eye à moteur V8 HEMI suralimenté des plus puissantes. Cette fois, la Super Bee est une berline «régulière» mue par un V8 HEMI Scat Pack de 6,4 litres développant 485 chevaux combiné à la boîte automatique à 8 rapports et la propulsion (la traction intégrale est réservée aux moteurs V6). La voiture, équipée de pneus Nexen surdimensionnés (de type Drag pour l’accélération) possède des freins Brembo très puissants. Notez que Stellantis ne prévoit construire que 1000 Charger Super Bee !
Sur la route
Malgré que cette Charger Super Bee soit spécialement construite pour les courses d’accélération amateur, elle doit aussi circuler sur nos routes (pas toujours confortables). Soulignons au départ que «retenir» les 485 chevaux du HEMI n’est pas toujours facile. Par conséquent, si vous prévoyez vous procurer un tel véhicule «classique», permettez-moi de vous suggérer des pneus un peu moins «performants», mais peut-être mieux adaptés à nos routes. Dès mes premiers tours de roue au volant de la Super Bee, le pont arrière s’est mis à sauter sous l’accélération alors que le pavé était légèrement humide. De plus, cette auto n’ayant qu’environ 5000 km, mais ayant été confiée à un certain nombre de journalistes (dont, certainement des «jeunes» n’ayant jamais ou peu connu ce type de «muscle, car»), elle a certainement servi à des «départs» enfumés qui auront rapidement usé les pneus arrière! Qu’importe, les Nexen sont très larges et leurs rainures sont peu profondes ce qui en font des pneus peu indiqués (dans cette condition) pour une conduite sportive sur des routes sinueuses, surtout s’il pleut même très finement. De plus, les pneus étaient très bruyants ce qui m’aurait incité à trouver des pneus de dimensions équivalentes, mais mieux adapté pour la route. Passer de 0 à 100 km/h aurait dû prendre moins de 6 secondes, mais, même avec l’utilisation de la fonction «Launch» (Lancement, ce qui peut se faire par configuration à l’écran), les pneus étaient un peu trop usés pour le faire correctement…incidemment, je n’ose pas vous parler de vitesse maximale ici, nos routes et surtout nos lois ne s’y prêtant pas trop ici…
Pour le reste, dois-je vous spécifier que c’est amusant de «jouer» avec un véhicule aussi puissant incluant des modes de conduite plus performants que le «pilote» peut choisir par l’entremise des programmes à l’écran? En mode régulier, la suspension n’est pas trop ferme alors que le mode Sport est aussi abordable. Mais le mode Track n’est certes pas pour le débutant au volant. Celui-ci découvrira comment les changements de vitesses de la boîte automatique peuvent être saccadés! Et comment la boîte automatique peut réagir en rétrogradant. Mais il lui faudrait vraiment une piste de course pour vraiment apprécier le tout ! La Charger Super Bee est surtout une voiture de collection utilisable qu’un véhicule de promenade de tous les jours!
Question consommation, s.v.p., ne posez pas trop de questions et surtout ne sursautez pas! J’avais prévu certains déplacements hors de la ville, mais les évènements se sont précipités et mon essai de cette Charger s’est limité à de petits voyages urbains ce qui a créé une moyenne de consommation nettement plus élevée que celle à laquelle je m’attendais : 19,19 l./100 km (l’ordinateur de bord indiquait 18,6). Les spécifications du constructeur indiquent une moyenne possible (et un peu trop «idéale» pour moi) de 13,1 l./100km soit 15,9 en ville et 9,6 sur route ou 22 milles au gallon. Je crois qu’une balade sur autoroute situerait cette consommation autour des 10 à 12 l./100 km à 100 km/h dans des conditions idéales…
Ah oui, le prix. De base, cette Dodge se vendrait 63 095 $. Mais avec les options (dont une peinture nacrée bleue de 395 $, la finition Super Bee spéciale de 7000 $, l’ensemble Plus de l’intérieur à 3395 $, l’ensemble Technologie de 1895 $, la sellerie de suède de 1495 $, la navigation de 795 $, la stéréo Harman/Kardon de 1500 $, le toit ouvrant électrique de 1495$ en plus de la taxe d’accise pour la climatisation et le transport et la préparation de 2095 $, l’auto que vous voyez sur les images vient accompagnée d’une facture de quelque 83 260 $…plus taxes! Pour une Dodge?
Oui! Pourvu que vous considériez ce véhicule comme une pièce de collection. Maintenant, sa valeur augmentera-t-elle au cours des années à venir? Ça reste à déterminer…pourvu que certains jeunes amateurs de bagnoles d’aujourd’hui deviennent éventuellement des mordus de telles autos…un peu comme je le suis actuellement…
Le Festival des Essais
Au moment d’écrire ces lignes, je viens à peine de revenir du Festival des Essais (TestFest) de l’AJAC (Association des Journalistes Automobile du Canada) qui s’est déroulé en début de semaine au circuit du Canadian Tire Motorsports Park (anciennement Mosport) (et où, lors de la réunion annuelle de l’association, on a souligné mes 40 ans de participation à cette association…).
Dans le passé, les constructeurs automobiles se bousculaient pour participer à cet évènement qui mène au titre de Voiture ou d’utilitaire de l’année. Cette année, les constructeurs américains (sauf Lucid qui en était l’un des commanditaires) brillaient par leur absence. Il manquait aussi la majorité des Européens! Ne vous surprenez pas alors si les constructeurs asiatiques prennent le haut du marché! Ils y étaient en force. Et avec des véhicules très intéressants en plus. Je vous en parle plus en profondeur la semaine prochaine!
Un nouveau modèle de Polestar
Le constructeur sino-suédois Polestar a dévoilé cette semaine son tout dernier modèle tout électrique Polestar 3 dans le Vieux-Montréal. Ce VUS électrique de performance devrait se vendre de 97 400 à 104 400 $. Si Polestar continue sa tradition de nous permettre d’en savoir plus sur ses véhicules, il y a de fortes chances que nous ayons l’opportunité de conduire cette intéressante nouveauté au cours des prochains mois!
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