Blogue d'Éric Descarries, Éric Descarries
Une Toyota GR86 comme on les aime et l’Eurokracy
Le 16 août 2023
Je ne sais pas si Toyota Canada a voulu me faire plaisir ou si la faction canadienne du constructeur japonais a voulu me mettre à l’épreuve, mais voilà qu’enfin, je mets la main sur un de leurs produits qui m’a pris par surprise.
J’ai longtemps été reconnu comme un «Toyota basher», un critique acerbe de la marque. Il est vrai que plusieurs de leurs véhicules m’ont déçu dans le passé du côté performance. Mais cette fois, Toyota a réussi à me surprendre avec sa toute récente version de la sportive GR86.
Si vous ne reconnaissez pas le modèle 86 (disons qu’ici, Toyota a manqué d’imagination dans son identification…), sachez que c’est la version Toyota du coupé sport Subaru BRZ. Oui, Subaru, car depuis les quelques dernières années, Subaru travaille de concert avec Toyota, tout comme Mazda, d’ailleurs. Dans le cas de la GR86, il ne s’agit que des échanges d’ornementations puisque ce discret coupé sport ne se différencie du Subaru BRZ que de nom. Mais, avec les récentes améliorations du véhicule, Toyota a enfin une voiture sport à prix abordable qui procure un plaisir de conduite notable.
Vous me signalerez que Toyota a déjà, dans le créneau des sportives, la GR Supra à son catalogue (un coupé sport de luxe basé sur une mécanique BMW), mais son prix ne la rend pas vraiment accessible à la plupart des bourses. Dans le cas du coupé GR86 (GR vient de la division de course Gazoo Racing de Toyota), cette voiture sport est certes moins élaborée, mais elle est aussi nettement moins coûteuse. Dans le cas de mon véhicule d’essai, on parle d’un prix total de moins de 42 000 $, transport inclus. À titre de comparaison, la GR Supra commence à plus de 61 000 $ avec le moteur à quatre cylindres et va au-delà de 72 000 $ avec le V6!
Question design, cette voiture qui fête ses dix ans d’existence chez nous a conservé sa silhouette de base depuis les tout débuts. Seuls l’avant et des retouches de finition redessinés sont venus en modifier l’apparence dernièrement. Toutefois, on ne peut dire que la GR86 n’a pas une ligne racée. Seul trompe-l’œil, la GR86 n’est pas une voiture à quatre places comme on pourrait le croire vu qu’il y a deux petits sièges à l’arrière. Mais méfiez-vous, ces deux places sont symboliques. Personne ou presque n’osera s’y asseoir à moins d’avoir moins de huit ans et ne pas tenir à voir ce qui se passe à l’extérieur!
Vu que le coupé GR86 existe depuis une dizaine d’années, spécifions que sa mécanique est toujours basée sur celle adaptée par Subaru. Donc, tout à l’avant se cache un quatre cylindres à plat signé Subaru qui, au début de la carrière du duo 86/BRZ, a été vertement critiqué pour son manque de puissance. Heureusement, la toute dernière version révisée de ce moteur fait désormais 228 chevaux. Née sous le nom de Scion FR-S, cette voiture a été rebaptisée Toyota F-86 ou même GT86 avant de devenir la GR86. D’où vient le chiffre 86? C’était le numéro de code du châssis de la sportive Corolla GR du passé, la FR86 devant être son successeur «spirituel». L’ancien moteur de 2,0 litres ne faisait «que» 200 chevaux ce qui semblait suffisant dans le passé. Ce n’en était pas le cas! Mais le nouveau quatre cylindres de 2,4 litres fait, je le répète, 228 chevaux (et 184 li-pi de couple) et ces 28 chevaux de plus font toute la différence.
Mais, même si la conception vient de Subaru, le coupé BRZ/GR86 n’est pas à traction, ni intégrale. C’est une voiture à propulsion disponible avec une boîte automatique ou manuelle, toutes deux à six rapports. Mon véhicule d’essai avait la boîte manuelle et c’est ainsi que je le recommande. Évidemment, la suspension est indépendante aux quatre roues et le freinage, très puissant, je vous avertis, est à quatre disques. La direction assistée électrique est très précise. Spécifions que les pneus de mon coupé d’essai étaient de performants Michelin Pilot Sport 4 215/40 R-18!
Il n’y a eu que peu de changements physiques apportés à l’intérieur de ce coupé Toyota sport. Considérez l’auto comme une voiture à deux places alors que, je le répète, les deux places arrière ne sont que symboliques (mais peut-être utiles pour de petits chiens…). Et n’espérez pas beaucoup de place pour vos bagages dans ce qui pourrait être convenu d’appeler le coffre, un compartiment atteignable par un petit capot à l’arrière de l’auto.
Mais à l’avant, la situation est différente. On a vraiment affaire à une voiture de sport au même titre qu’une Mazda MX-5 (Miata), par exemple. Les sièges sont très enveloppants et ils sont créés plus pour le soutien latéral que le confort sur de longues distances. Le tableau de bord est aussi typiquement «sports car», mais l’instrumentation électronique est claire et facilement lisible. Le conducteur peut choisir la configuration Normale, Sport ou Piste. L’écran central d’infodivertissement de 8,0 pouces est suffisamment grand pour tout bien y lire y compris la carte du système de navigation. Quant à la console centrale, elle permet un certain support du bras quand on manipule le levier de vitesses qui est, en passant bien situé.
Sur la route
Dès le départ, j’ai su apprécier la «nouvelle puissance» de la GR86 (mais, désolé si j’ai ignoré la version automatique). Le nouveau quatre cylindres ne gagne que quelques livres-pied de couple de plus (184 au lieu de 151), mais cette acquisition fait toute une différence. Passer du point mort à 100 km/h améliore la performance de la voiture de plus de deux secondes et juste cela vaut la peine de le souligner. Ce n’est pas que je n’aimais pas l’ancienne version, mais, visiblement, il lui manquait cette puissance.
Puis, il y a la boîte de vitesses tellement précise et si facile à manier. Passer les premières vitesses se fait presque par instinct et seulement la cinquième et la sixième vitesse demandent que le conducteur ait à y placer le levier («aller porter le levier» en langage auto). Évidemment, les manœuvres de dépassement sont facilitées par cette même puissance. L’embrayage est plus ou moins léger, mais la jambe de gauche s’y habitue rapidement et le mouvement devient alors presque instinctif. Quant à la direction, elle est très précise, mais le conducteur s’y habituera très rapidement. Le freinage y est très efficace vu que la voiture pèse moins de 3000 livres. Pas besoin de vous décrire l’adhérence des pneus Michelin Pilot Sport, leur réputation les précède. Évidemment, Toyota Canada ne tient pas à ce que l’on essaie la voiture sur piste (et je les comprends), mais une petite randonnée sur une route sinueuse convaincra n’importe lequel conducteur de la tenue de route de la voiture (j’ai déjà eu l’opportunité de conduire un ancien modèle en piste à ICAR et, croyez-moi, ce coupé Toyota/Subaru mérite son qualificatif de «sports car»). Seule ombre au tableau, le resserrement des supports latéraux des dossiers des sièges peut devenir un peu agaçant sur de longues distances. J’aimerais qu’ils soient ajustables jusqu’à un certain niveau. Puis, il y a le placement des porte-gobelets qui sont trop loin à l’arrière de la console…mais, comme le disaient nos amis allemands dans le passé, une auto, surtout une auto de sport, c’est fait pour être conduit et non pour boire un café!
Quoique la visibilité soit un peu réduite vu la forme de la voiture et la configuration de ses glaces, je n’ai pas trop souffert du manque de visibilité. Même la conduite en ville ne m’a pas paru difficile (quoique la suspension est un peu ferme pour les petites rues latérales de Montréal dans un état lamentable et les «superbes» rues de Laval (où l’administration semble avoir plus de budget d’asphalte pour faire des «dos d’âne» un peu partout, mais pas pour réparer les rues…). Autrement, cette suspension n’est pas si inconfortable.
Bien entendu, je n’ai pas conduit la Toyota GR86 en conditions hivernales. Et j’ai bien l’impression que peu de propriétaires de telles autos le feront. Mais si on l’équipe de pneus d’hiver appropriés, je crois possible que de tels déplacements (plutôt légers et courts) seraient possibles si la neige est peu profonde ou que la glace n’est pas menaçante.
Question consommation, j’ai obtenu une moyenne de 8,3 l./100 km pour une conduite moitié/moitié ville et route. Notez que ce petit moteur (qui n’est pas turbocompressé, en passant) exige du carburant Super pour être à la hauteur de ses performances. Toutefois, le réservoir n’est pas très gros. On s’en rend compte à la pompe!
Enfin, et c’est là que ça compte, le prix d’un coupé Toyota GR86 est relativement raisonnable. Vous aimeriez posséder une Supra mais vous n’en avez pas les moyens? Sachez qu’un GR86 10e Anniversaire comme mon véhicule d’essai, un choix de remplacement intéressant, affiche un prix de 39 950 $ plus quelques frais et les 1860 $ de frais de transport et préparation ce qui arrive à un total de 41 938 $. Ce n’est certes pas donné, mais sachez que pour une véritable sportive (car cette GR86 en est une), c’est plus abordable que bien des concurrentes qui, à part sa jumelle Subaru BRZ et la Mazda MX-5 Miata, sont très peu nombreux.
Quant à moi, je me suis vraiment amusé au volant de cette Toyota. N’oubliez pas que j’ai connu l’époque des «vraies» Sports cars des années soixante. Je possède moi-même un «roadster» de cette époque. J’ai donc su l’apprécier. En donnant un peu plus de puissance au coupé GR86, Toyota prouve (avec ses alliés Subaru et Mazda) que le créneau des autos de sport abordables et surtout fiables n’est pas mort!
L’Eurokracy
Ce ne sont pas les expositions de voitures qui manquent en été au Québec. On se croirait en Californie. Mais alors que la majorité de ces évènements attirent surtout des voitures modifiées, des Américaines des années soixante ou de véritables classiques, l’Eurokracy commandité par la maison lavalloise Unitronic s’adresse surtout aux propriétaires et amateurs de voitures surtout d’origine européenne. Vous aurez compris que cet évènement qui se tenait au Complexe ICAR à Mirabel a attiré surtout des Allemandes, dont les VW, BMW, Audi, Porsche et Mercedes-Benz (quoiqu’il y avait des Américaines et des Asiatiques intéressantes). Voici quelques photos qui représentent bien l’atmosphère qui y régnait le week-end dernier.
Un Hankook à l’essai
Une nouvelle voiture s’ajoute à l’Écurie Descarries pour mes essais de pneus, surtout d’hiver. Cette fois, souhaitons la bienvenue à cette Suzuki SX4 2010 en superbe état (avec moins de 50 000 km) qui nous servira à évaluer les performances des pneus Hankook Kinergy 4S 2 750 «homologués» récemment améliorés. Ils se joignent aux Michelin Cross-Climate 2 à l’essai sur une Lincoln MKZ et aux Nokian WR-G4 montés sur une Mercedez-Benz C300 dont il a été question dans ce blogue depuis l’année dernière en plus des Nokian Outpost qui équipent ma Jeep TJ.
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