Blogue d'Éric Descarries, Éric Descarries, Pièces et pneus
Polestar 2 et l’Expérience Michelin
Le 15 mars 2024
Un peu de retard cette semaine pour mon blogue sur l’automobile mais, j’ai une bonne raison! En effet, j’ai eu l’opportunité de retourner en Californie, plus précisément à la piste de Sears Point de Sonoma, afin de participer à un programme du manufacturier Michelin portant sur l’écologie et sur le nouveau segment des pneus spécialement conçus pour les véhicules électriques.
Mais, avant d’élaborer sur ce sujet, laissez-moi vous donner mes impressions de conduite de la semaine au volant de la toute nouvelle Polestar 2. En fait, vous aurez compris qu’il s’agit ici de la version à propulsion seulement (c’est nouveau, l’ancien modèle était à traction) de la berline Polestar dont il a déjà été question dans ce blogue.
Polestar, vous le savez, c’est un peu un dédoublement des produits Volvo avec qui la marque a déjà été jumelée à ses débuts. Plus encore, Polestar, tout comme Volvo, appartient au géant chinois Geely (qui possède également Lotus, Proton de Malaisie, les taxis londoniens London Cab et, tenez-vous bien, quelque 7% des parts de Mercedes-Benz!). Ne soyez pas surpris si, en ouvrant la portière avant gauche d’une Polestar, vous y voyez le placard indiquant le nom de l’usine où elle est assemblée avec l’inscription Made in China. Oui, je l’ai déjà dit, on a des autos chinoises au Québec. Qui plus est, les plus récentes nouvelles nous venant de Suède nous apprennent que la faction scandinave du constructeur ne veut plus participer au financement de la marque Polestar. Mais cela, c’est une autre histoire appartenant à un autre domaine.
À part quelques retouches à la calandre et aux ornementations de la Polestar 2, l’auto dont il est question ici est presque identique à celle que j’ai déjà analysée ici sauf qu’elle ne possède qu’un seul moteur (électrique, il va de soi) et il est désormais tout à l’arrière. Celui-ci fait quelque 295 chevaux et il se fie à un ensemble de batteries de 82 kWh. Pas question de vous inquiéter, c’est amplement suffisant pour lui permettre des performances semblables à celles de sa jumelle à deux moteurs. Toutefois, ce que je voulais expérimenter, c’était son comportement sur les routes enneigées. Il a donc neigé durant ma semaine d’essai…mais, malheureusement, pas assez (dans mon coin de la province) pour confirmer sa motricité dans la neige. Quand j’étais jeune, il y avait sur notre marché de petites autos européennes comme les légendaires Volkswagen Coccinelle ou encore les Renault Dauphine ou R8 et R10 avec moteur arrière qui se débrouillaient mieux que les autos américaines qu’à propulsion avec moteur avant dans la neige ou sur la glace. Je m’attendais à un résultat semblable avec la Polestar 2, mais ça ne s’est pas produit. Il y a eu un peu de neige, mais les pneus d’hiver Michelin X-ice Snow n’ont pas eu beaucoup de travail à faire pour prouver leur efficacité! Je m’imagine que ce serait semblable avec le VW ID4 …
Autrement, je ne peux revenir que sur l’efficacité de cette voiture et surtout sa qualité de construction qui m’a impressionné. Évidemment, malgré la douceur inhabituelle de notre climat dans la région de Montréal, les batteries des autos électriques peuvent subir une fluctuation étonnante. Dans le cas de ma Polestar 2 d’essai, j’ai réussi à « remplir » les batteries au point où la jauge au tableau de bord indiquait une autonomie de 420 km! Et ce, avec la prise de courant à 110 volts à l’extérieur de ma maison (ce genre « d’exploit » ne peut se faire qu’avec une charge lente). Malheureusement, cet « exploit » n’a pas duré! Une fois sur la route lors d’un petit matin « frisquet », l’autonomie est tombée à 350 km alors que je n’avais pas parcouru plus de 25 kilomètres! Pour les mordus de spécifications, rappelons que les Polestar sont basées sur la plateforme Compact Modular Architecture de Volvo (XC40) modifiée pour la circonstance.
Autrement, cet essai hebdomadaire a été des plus agréables l’auto n’émettant aucun bruit de caisse tout en me procurant des performances très agréables. Le chauffage était aussi très efficace. Encore une fois, on pourrait se plaindre du programme trop élaboré apparaissant au grand écran, mais un peu d’étude et de patience peuvent en venir à bout. Incidemment, comme pour presque toutes les voitures électriques, il n’y a pas de bande de radio AM à cette voiture puisque, semble-t-il, les moteurs électriques ne font pas bon ménage avec cette bande.
Notons que cette voiture pèse quelque 4516 livres et qu’elle doit livrer une vive concurrence aux Hyundai Ioniq 6 et BMW Xi4 de ce monde! Outre ces quelques notes, cette Polestar2 mérite sensiblement les mêmes remarques que celles que j’ai accordées à sa cousine à deux moteurs et quatre roues motrices il y a quelques mois. En ce qui a trait au prix, il débute à 54 950 $ plus taxes et autres frais. Toutefois, ce qui est le plus important, c’est que j’ai bien apprécié l’auto et je crois que c’est la voiture électrique la plus agréable que j’ai eu à conduire. Et si les autres autos à nous venir de Chine sont aussi bien construites (et cela inclut la finition intérieure), les constructeurs américains, européens et même d’autres pays d’Asie ont intérêt à bien se tenir!
Michelin nous présente sa nouvelle gamme de pneus pour VE
L’évènement majeur auquel j’ai participé la semaine dernière fut la présentation à la presse spécialisée de la nouvelle approche du grand fabricant français de pneus Michelin qui annonçait à l’Amérique du Nord comment il comptait servir le segment des autos électriques. Car, vous n’êtes pas sans savoir que les véhicules électriques sont mieux servis par ce nouveau type de pneu plus robuste qui est capable s’assumer les performances étonnantes des moteurs électriques tout en résistant au poids supplémentaire des batteries si lourdes. De plus, ces nouveaux pneus, identifiables par le sigle E+ ou EV sur leurs flancs, offrent moins de résistance à la friction sur la route et procurent une portée nettement plus silencieuse, un besoin créé par le fait que la « mécanique » de ce type de véhicule n’émet pas de son particulier.
Donc, l’évènement se déroulait à la superbe piste de Sears Point de Sonoma en Californie, en plein cœur de la légendaire vallée des vignobles. Cependant, le programme ne consistait pas qu’en une présentation de nouveaux pneumatiques, mais, tout d’abord, en une matinée de sessions d’information technique, d’approche écologique, de choix de carburant de la part du manufacturier, d’une vision de l’avenir, voire même de solutions de transport les plus économiques et écologiques que possible.
Bien que la faction américaine de Michelin soit basée en Caroline du Sud (plus précisément Greenville…nom prédestiné à l’environnement…), plusieurs intervenants, incluant le président pour l’Amérique du Nord, Alexis Garcin, parlaient tant le français que l’anglais (nous n’étions que deux journalistes de langue française sur place). Je pourrais élaborer pendant des heures sur ce qui y a été présenté, mais ce sont des éléments très techniques qui pourraient devenir lourds pour les lecteurs réguliers de ce blogue. Retenez, toutefois, que chez Michelin, on croit plus aux piles à combustion utilisant l’hydrogène qu’aux batteries électriques. Voilà ce qui devrait encourager mes amis chez Toyota!
Suite aux présentations techniques, nous avons eu droit à l’essai sur piste de voitures électriques chaussées de ces nouveaux pneus EV sauf pour deux Explorer conventionnels équipés de pneus expérimentaux des Primacy à venir) afin de nous prouver que Michelin ne s’occuperait pas que de voitures de luxe ou exotiques. Les voitures choisies par Michelin étaient des Porsche Taycan, des Mercedes-Benz EQS et des Genesis GX-70, toutes électriques. Il y avait aussi des Tesla 3, mais ces autos étaient réservées aux instructeurs que nous devions suivre sur le circuit.
Le premier véhicule que j’ai choisi fut l’Explorer ce qui a plu aux instructeurs, car ils croyaient que c’était le véhicule le plus significatif sur place (vu que l’Explorer est aussi un succès sur le marché). Croyez-le ou non, avec un tour ou deux, je pouvais aisément suivre les voitures plus exotiques devant moi (bien entendu, les pilotes instructeurs ont vite fait de comprendre qu’ils n’allaient pas guider des spécialistes de la piste quoiqu’il y avait un ou deux « vrais » pilotes dans le groupe dont mon ami Bertrand Godin). Il faut le faire pour le croire, l’Explorer est étonnant en piste (demandez-le à Bertrand, c’est ce qu’il pilote, de plus, à la piste de l’École de la police à Nicolet !).
La deuxième auto qui me fut confiée fut la Taycan…et cette fois, il n’y avait pas d’Explorer dans notre groupe. Cela a permis à l’instructeur de pousser un peu plus la machine. Pour une fois que je pouvais vraiment « conduire » cette auto à sa juste valeur! Et, ne vous inquiétez pas, c’était certes l’auto la plus agile, la plus rapide et la plus précise sur place. En ce qui a trait aux pneus, des Pilot Sport 4 EV, ils se sont montrés plus qu’efficaces en piste accordant ainsi au pilote une grande confiance derrière le volant.
La deuxième auto était une Mercedes-Benz EQS représentant le segment des grandes berlines de luxe électriques et elle était équipée de pneus Pilot Sport All Season 4 EV. Forcément, elle avait une suspension plus souple que celle de la Porsche ce qui me demandait un peu plus d’effort et de concentration alors qu’ils criaient dans les courbes.
Parmi les autres expériences que Michelin m’a permis de vivre à Sears Point, il y avait celle de quelques tours à bord d’un Lucid haut de gamme pilotée par un employé du constructeur (celle-là, il faudrait que je vous la raconte en détail, car elle fut moins concluante que prévue) et celle d’un court trajet dans un tracteur routier Freightliner entièrement électrique!
Bof! Une petite semaine comme les autres, quoi!
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