Hybride et électrique
LES BATTERIES ÉLECTRIQUES, PAS LA CONSTRUCTION DE VÉS
En rencontre éditoriale avec La Presse, le 29 mars dernier, le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a fait preuve d’une franchise déconcertante en avouant ouvertement : « Des voitures, on n’en fera pas! » En voici un aperçu.
Dans le contexte de la course à l’électrification, marquée par l’euphorie quasi généralisée qui entoure les succès remportés par le Québec en regard de sa capacité de production d’électricité, Hydro-Québec en tête, on observe chez bon nombre de commentateurs et analystes économiques, une tendance à l’autogratification qui cache la dure réalité quant à la place de la province sur l’échiquier international. L’échec de l’expérience de GM à Boisbriand en 2002 sert d’argument massue, selon M. Fitzgibbon, pour affirmer sans détour qu’on n’assemblera pas de véhicules électriques sur le sol québécois. « Au Québec, dit-il, les constructeurs seront notamment Lion pour les autobus scolaires et les camions, Nova Bus pour les autobus urbains et Taiga pour les motoneiges et les motomarines. »
Il affirme plutôt qu’en plus des véhicules commerciaux, les matériaux de batteries représentent une voie beaucoup plus prometteuse dans laquelle le Québec est déjà engagé, espérant se placer en «pole position» dans la fabrication et l’assemblage de batteries pour véhicules électriques.
Bécancour dans la mire
C’est dans le parc industriel et portuaire de Bécancour que le gouvernement veut implanter le cœur de la filière électrique. « Québec veut, selon le ministre, des projets à toutes les étapes, soit de l’extraction de ressources comme le graphite et le spodumène de lithium, la transformation de matière en composantes de qualité batterie, l’assemblage des cellules de batteries et la fabrication des modules. »
À titre d’exemple, BASF et la coentreprise formée par Posco et GM ont déjà annoncé des usines d’assemblage de matériaux de cathodes, le pôle positif de la batterie lithium-ion – qui représente environ 40 % du coût d’une batterie et qui devraient être en production d’ici 2025.
Attirer un cellulier
Mais l’étape clé de la filière intégrée est la construction d’une usine de transformation du lithium à Bécancour qui ferait le lien entre l’extraction minière et les fabricants de cathodes comme BASF et Posco. C’est sans parler de l’usine de Nemaska Lithium, toujours à Bécancour, sans laquelle le lithium qui serait extrait du sous-sol québécois serait exporté pour être transformé ailleurs, tandis que les usines de cathodes devraient opter pour les États-Unis afin de s’approvisionner en lithium. Bref, Québec tente d’attirer un cellulier et s’assurer que tout soit en place pour que le minerai soit transformé ici. À cet effet, deux entreprises ont déjà manifesté leur intérêt soit Britishvolt, dont l’antenne canadienne est dirigée par l’ex-premier ministre Philippe Couillard, et StromVolt, établie en Ontario, qui considère aussi le Centre-du-Québec pour l’usine qu’elle souhaite construire.
Comments are closed